Rencontre avec Marc Boulon

Portrait de Marc Boulon, jeune vigneron

Marc, racontez-nous votre aventure. Quelle est votre histoire atypique ?

J’ai été durant 32 ans directeur commercial dans l’informatique à Paris. L’attrait vinicole, qui me berce depuis ma plus tendre enfance, combiné à une certaine lassitude de ma fonction parisienne, m’a conduit en Provence dont je suis tombé amoureux. Dix années de recherche avant de trouver le bon endroit ! Ce superbe mas de 1760 plongé au cœur des vignes âgées de 90 ans fut un réel coup de cœur : nous avions trouvé un lieu authentique au riche terroir. Ce cadre magnifique très minéral est entouré des dentelles de Montmirail (haut lieu d’alpinisme), les monts du Vaucluse, le géant de Provence (le fameux Ventoux si mythique pour les cyclistes) et les villages perchés (Le Barroux, Crillon le Brave). A seulement 20 minutes de l’autoroute, 30 minutes de la gare TGV d’Avignon, 1 heure de l’aéroport de Marignane et de la grande bleue et à 2 heures des stations de ski… cet endroit avait tout pour nous enchanter. Le climat provençal et la chaleur de ses habitants a fait le reste. Pour rien au monde je remonterais vivre dans le nord !
Je recherchais un domaine et j’ai acheté un mas entouré de vignes. C’est à la fois plus motivant (tout à créer, aucun passé) mais en même temps cela augmente le grand saut dans l’inconnu d’où l’importance de ne pas se précipiter et de bien s’entourer. Car même si je pense « savoir » vendre mes vins, cela ne remplacera jamais l’expérience de plusieurs générations de vignerons.

Vous êtes un innovateur… Quelles surprenantes associations de cépages avez-vous choisies ?

Effectivement, j’essaie ce qui n’a pas encore été tenté. En achetant cette propriété, j’ai « hérité » de 4 hectares de Caladoc. Au début je ne savais pas trop quoi en faire et puis après 2 tentatives différentes de vinifications avec mon œnologue conseil, j’ai découvert des assemblages et en lui laissant le temps pour s’épanouir j’avais un très beau produit. De plus, ce cépage très proche du grenache n’en a pas ses inconvénients : coulure, dépérissement, grappes très denses qui favorisent la pourriture et a un rendement fabuleux. D’où mon idée de bien maîtriser ces rendements pour à la fois avoir du jus (ce qui est un plus en 2017) mais également d’aller chercher de la qualité ce qui tire l’image de notre terroir. Mon projet maintenant est de lancer un projet de cave de moyenne capacité et de me tester sur des élevages en jarre, en œuf béton ou tout autre nouveauté. La conversion Bio est aussi à l’ordre du jour du domaine.
Au cours de mon stage et de mes cours de mon bac professionnel Vigne et Vin que j’ai obtenu en juin 2017, 40 ans après le premier, j’ai pu approfondir mes connaissances et conforter mes choix.

 

Comment définiriez-vous vos vins ?

Mes vins me ressemblent, ils sont cohérents et entiers. Ils ont issus d’une terre de passion, ce sont des vins de partage entre amis.
Pour l’anecdote, j’ai baptisé le vin rosé du prénom de ma bisaïeule, “Pilavoine”, en son honneur. Quant au rouge, je l’ai nommé “Garance » à la connotation douce et affirmée à la fois.
Partant de zéro (aucunes cuvées, aucun stock etc…) j’ai voulu que mes premières bouteilles soient « faciles » à boire c’est-à-dire équilibrées afin de pouvoir toucher un grand nombre d’amateurs. Une fois que mon domaine sera établi et à l’équilibre, je me lancerais dans des « expérimentations vinicoles ». Je vais replanter en mars prochain 3 cépages de blanc et quelques-uns de rouge afin de prendre le relais de mes vieilles vignes qui ne sont pas éternelles.

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